Sho rin Zetaï *
Bien sur le jeu des prises de parole pour tenter de s’exprimer est bien ambigu. On s’y risque, la pression du groupe et du professeur étant non négligeable. Cela amène le plus souvent des mots trop entendus ou trop attendus.
Le mystère de l’arc est noyé dans le flot du discourt qui se veut sensible, attentionné, intelligent et sensé.
Ainsi les paroles sont tellement prévisibles.
Pourtant la profondeur de notre pratique est justement qu’il n’y a rien à sentir, rien à comprendre, rien à voir. Il suffit seulement de Faire, non point parvenir, juste faire, appliquer. Que l’on soit bancal ou incapable, habile ou astucieux, débutant ou ancien, peut importe car il s’agit de Faire chacun dans son possible. S’en acquitter à sa mesure du moment sera la tâche. Tout désir, tout écart, tout autre projet est justement l’entrave à Être.
C’est là, qu’y réside le tir.
Ainsi le Dire jaillit et la joie conviviale du tour de table s’acquitte de sa mission chaleureuse.
Anecdote :
je me souviens au vieux Dojo de ce vieux monsieur, pratiquant de longue date et
proche du vieux maitre. Il pratiquait d’un manière humble et discrète. Quand il arrivait au Kaï, il tremblait étrangement puis il lâchait sa flèche dans un désordre incompréhensible. Il faisait quelques flèches toujours avec le déroulé à genoux. Je ne l’ai jamais vu atteindre sa cible. Mais tout néophyte que j’étais dans ce monde de l’arc, je ne pouvais pas échapper à cette ambiance qui l’entourait et qui m’émouvait très profondément. Je me suis dit que là peut être, résidait l’essence de l’arc et la joie de tirer.
Une fois O Uchi Sensei disparu, Suzuki Sensei est devenu le maitre du Dojo. Il ne manquait pas d’inviter lors des Tai Kaï, ce noble monsieur a diriger le salut.
Yusen
* Sho rin Zetaï : absolument regarder devant soi