La salutation
Voici, mes chers amis pratiquants, en cette fin d’année, quelques lignes à considérer. Par deux fois de suite, j’ai manqué ces derniers samedis l’entrée de la séance et je vous remercie d’avoir assurer son début qui est à mes yeux une clé importante pour une bonne pratique.
De ces mots, je viens partager avec vous, afin que nous en tirions quelques réflexions et établir des changements fructueux dans nos actes présents et à venir.
Notre pratique du Kyudo a vu de nombreux pratiquants depuis 45 ans que l’arc m’accompagne sur les bords de Garonne et cela suite à mes quelques années passées au bord du Pacifique.
Studieux et présent, inlassablement je plonge dans dans le cœur de l’arc autant que dans celui des pratiquants. Je réalise combien ce chemin est encore long et que mes modestes «avancées» ne sont vraiment pas grand chose sinon une entrave à l’essentiel.
Pourtant, Je souhaite être avec vous encore longtemps, bien que l’âge se déroule comme un défi inexorable. Je cherche désormais comment un corps affaibli peut se transcender en une énergie merveilleuse. Alors, je viens par ces quelques lignes prendre quelques peu les devants, au cas où un ou une pratiquante s’affirme clairement à marcher à mes côtés encore et encore pour prolonger cette voie et en améliorer la diffusion.
Ainsi, je souhaite préciser quelques points incontournables qui brûleront dans celle ou celui qui pourrait guider l'étude ponctuellement, à l’occasion pour l’instant mais de plus en plus, jusqu’à diriger la séance complète.
Cela commence particulièrement dans le salut, du début ou la fin de séance.
Fort important, cet instant demeure un des plus hauts et beaux niveaux de la pratique de l’arc. C’est un rite, un protocole, une cérémonie. Il est formel et demeure un espace extrêmement intense et puissant autant dans l’individuel que le collectif, cela par l’union consciente au groupe, au lieu et au maître. Il conditionne la valeur de ce qui suivra, par la loi implacable du cause à effet. Il estompe les trop envahissantes personnalités, bagages bruyants et encombrants apportés sans retenue.
Si cette intensité sincère se déploie, dans ces brefs moments, peut se révéler une force , un engagement, une aide toute particulière par cette invocation. C’est un appel, à la lignée, au groupe où l’on se sent porté et investi.
Pour que cette magie opère, il est quelques attentions indispensables à s’octroyer. Il se peut qu’une conscience toute particulière se manifeste alors, bien au de-là d’un exotisme si peu épanouissant et même sclérosé, sans respect pour le pays d’où est issue la pratique.
Nous avons tous ressenti combien le non acte du Kaï, du Hanaré est mystérieux, perturbant, troublant, dense, parfois insupportable. Le salut peut être aussi profond sans la troublante sévérité de l’instant du lâcher, alors qu’on rejoint la connexion occulte.
Cette prosternation nous plonge dans la douceur d’un abandon tranquille où on s'en remet à bien plus grand que soi-même.
La ou le guide, après avoir proposé le Mokuso, d’une voix claire et nette, se place devant le Kamiza, en absorbant le groupe avec son dos. Puis, il se relie, cœur/corps/esprit à son maître et aux maîtres de son maître.
Il s’avance et fait son salut d’une manière très intense intérieurement. Puis se tournant vers l’ensemble, bien centré par rapport au groupe, en les saluant, il regarde en lui, celui qui se met au service des pratiquants, tout en réalisant qu’il n’en n’est point capable mais que cette situation dans laquelle il se trouve lui permettra de se transcender et ressentir une grande gratitude. Il peut éventuellement s’exprimer et même s’en excuser, voir même demander du soutien. Il regarde en lui ce qui le pousse à s’être mis dans cette situation et ne manquera pas d’y trouver d’autres émotions que celles de servir et peut être, plutôt celle de se servir. Dans ce cas, ce qui est très probable, il a fait un petit pas en découvrant quelque chose sur laquelle il peut intervenir afin de se transformer.
Il sera en échec total s’il ne s’aperçoit de rien, ou joue le rôle, persuadé qu’il est à la bonne place et que ça lui revient de toute évidence. Car dans ce cas, la relation aux autres provoquera le contraire espéré.
«L’amour du sentiment entraine le contraire» alors que «l’amour de la conscience provoque la même chose».
Le salut de fin de séance clôturera ce moment mais comme un passage propre vers la vie de tous les jours qui pourrait alors s’enrichir de ces derniers moments passés ensemble ouvrant déjà à la prochaine fois.
Bien sûr cet engagement décrit est une étude qui n’en finit pas de se polisser, de nous imprégner, de façonner notre être, nos yeux , notre peau.
Et comme suggérer depuis quelques temps observer de quel invisible nous sommes fait et que se dégage-t-il de nous quand on est devant les autres.
Voir en nous comme le disait le maître et être attentif au niveau conscient, sub-conscient et inconscient.
Je vous souhaite de bons moments avec vos proches pour ces fêtes de fin d’année et que la nouvelle qui s’approche, elle aussi inexorablement vous comble autant que ce que vous allez lui apporter.
Yusen
23 Décembre 2024