Kyudo-La voie de l'Arc

LE FUBOKAN DE FRANCE

Étiquette : Michel

pratique du mardi soir à la tombée de la nuit

Le mardi soir

Lumière chaude et dorée sous le ciel mauve du soir,
Calligraphie des arbres sur la surface de la nuit tombante,
Déchirure profonde d’un accueil d’au-delà les apparences.

C’est le charme des séances du mardi, moments d’étude privilégiés, dans l’intimité de la pénombre et de la fraicheur du soir. Le corps réduit à une parcelle de l’univers. Odeurs de l’humidité montant de la terre. Temps de répétition silencieuse et solitaire de l’enseignement, raboté par les corrections, parcouru de tâtonnements. Prolongement indissociable des séances de la pleine lumière. 

Michel

Les parfums du stage retombent à peine. Les bruits s’estompent peu à peu. Comme un caillou jeté dans l’eau, des ondes rayonnent vers les berges.
Des instants ont été lumineux. A donner envie de pleurer parfois, d’étonnement, de reconnaissance. Et un nouveau sentiment apparait, déjà sous l’épiderme depuis un certain temps, même la poésie il faudra quitter, même la musique il faudra laisser, sans rien attendre d’autre. Ce ne sera pas un désert.

Michel

Les hasards (…) de regards et de lectures conduisent à des rencontres inattendues et heureuses qui prennent une résonance particulière sur les chemins que nous avons la prétention d’explorer.
Ainsi le peintre Tal-Coat dont la peinture prend une forme abstraite alors qu’en réalité ce après quoi il courait était le réel, le réel tellement précis, fugace et condensé qu’il se réduisait à des traces d’apparence abstraite. Travailleur acharné il ne cessait d’essayer de percer le mystère du réel.
Dans une correspondance à une amie il disait ceci :

« Je travaille ne crains rien, je dors aussi et bien. Mais à t’écrire je me clarifie, ce n’est pas un mal que je sache. A faire que l’énergie du nulle part s’incarne est long, très long et pourtant l’action est prompte, fulgurante est l’impérative obligation. Mais que d’effacements, de retours, d’approches pour ce seul instant de l’immédiat où seront dévoilées ces approches du réel, peut-être le réel. »

Michel

Séance du soir.

Une petite boite dorée dans la nuit tombante.
Boite de chaleur et d’intimité, accueillante mais aussi grave et exigeante.
On y vient avec ce que l’on a et on l’ignore, trop occupé à courir après des illusions.

Michel

Lumières du couchant, annonce d’une fin, prélude à un début. Un entre-deux qui n’a ni début ni fin. Un instant en somme, paradoxalement fugace et éternel. Il est à regarder ainsi, sans état d’âme car il ne réfléchit pas et ne se regarde pas lui même. Il se contente d’être, offert au regard et à l’ouverture, sans rien en attendre. 

Que la nouvelle année y soit propice.
Meilleurs vœux 2016.

                                 Michel

Depuis un moment déjà les séances du mardi s’achèvent dans la nuit. Hier, l’humidité s’y est rajoutée. Le temps d’une série de flèches, elle perlait sur les fûts.

La séance a commencé en solitaire, Marie Annick m’a rejoint plus tard. Je prends un certain goût à tirer seul. Préparer le dojo dans le silence, parcourir les coins assoupis dans la pénombre naissante, poser les cibles, sortir les flèches, préparer l’arc. Tout est calme, le lieu accompagne avec bienveillance. Pendant le tir, l’intérieur essaye de recevoir ce calme, à tâtons. C’est pas encore ça. Tant pis. La prochaine fois peut-être. Il est quand même là quelque part, derrière la caresse d'une brise, derrière quelques buissons dans le noir, derrière un voile humide, derrière le silence. Mon agitation ne l’agite pas. Marie-Annick arrive, peu de paroles, une présence complice, la séance se poursuit sur le même rythme dense.
Fin de séance, le silence est toujours là, à veiller.

Michel

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